Les jours de pluie…

Une pluie continue, régulière, une pluie dont le caractère n’est pas méditerranéen mais une pluie abondante quand même par son cumul sur des sols argileux déjà gonflés d’eau. Donc pas question d’aller au jardin même si, autrefois, notre mère disait que cette bénédiction « était bonne pour le teint ».

Pour autant, pas question de céder à la morosité et de se regarder le nombril …A ce sujet ouvrons une question d’auditrice, Michelle à Vendargues (34). Elle souhaite connaître le nom de cette plante qui pousse sur son mur, une question accompagnée de photos dont celle-ci :

Le nombril de Vénus !

Ou Umbilicus rupestris, l’ ombilic des rochers, qui orne spontanément les murs (surtout à l’abri d’un ensoleillement trop intense). La forme arrondie de sa feuille légèrement creusée au centre est charmante, ce qui a inspiré les anciens pour la désigner par ce petit nom très galant, le nombril de Vénus. Au toucher comme à l’observation c’est une plante grasse, crassulescente, bien adaptée à sa vie verticale le long des murs, parfois dans une fissure d’écorce à la manière des épiphytes. L’épaisseur de ses tissus est constituée de mucilage, d’une sorte de gelée qui se comporte comme une réserve d’eau, voilà pourquoi cette belle petite plante s’installe toujours sur des substrats très drainés, très perméables. L’humidité naturelle des murs à l’ombre et l’eau ruisselante des averses venues du ciel lui suffisent. Vous la planteriez dans la terre fertile du jardin, elle ne survivrait pas longtemps.

Vers la fin du printemps ou au début de l’été dans le midi, pendant l’été au nord, l’ombilic fleurit. Une hampe de fleurettes en clochettes s’élève jusqu’à 30cm au dessus des feuilles, un épi régulier bien chargé de petites fleurs blanchâtres à crème ou à rosé.

A l’automne, les graines seront disséminées par le passage furtif de petits animaux comme des rongeurs, des oiseaux ou des reptiles. A Vendargues notre auditrice fait une remarque pertinente : elle observe que cette plante paraît accompagner la mousse, ou sortir de celle-ci. En effet, il est possible que la mousse « retienne » les graines de l’ombilic et favorise leur germination !

Depuis quelques années la végétalisation des murs est à la mode, mais c’est une tendance très coûteuse pour des résultats pour le moins hasardeux, parfois spectaculaires, parfois décevants, mais qui apparaissent peu durables. Ici la nature nous montre qu’elle sait végétaliser les murs qui apparaissent ainsi comme des écosystèmes à part entière, sans notre intervention. Laquelle se résume trop souvent à une « nettoyage » pour faire le mur « propre » alors que ces plantes n’altèrent en rien sa solidité lorsqu’il a été édifié dans les règles de l’art . Avec le nombril de Vénus, peuvent s’installer des sedums (ou orpins) des joubarbes et des fougères. A noter: certaines de ces plantes « sauvages » sont vendues dans le commerce spécialisé.

 » Sauvage » mais belle, cette plante de la flore saxicole est également utile !

  • Elle est comestible et figure dans la liste des salades sauvages. Les jeunes feuilles juteuses et légèrement acidulées peuvent compléter une salade composée, ou conservées au vinaigre accompagner les cornichons, câpres et pickles…
  • Elle est officinale par le mucilage que les feuilles contiennent . La fine cuticule qui tapisse le limbe une fois délicatement enlevée, on obtient un « pansement » apaisant par sa fraicheur pour les petites brûlures domestiques, cicatrisant et calmant à la fois. On peut également écraser les feuilles au mortier ou dans un bol pour obtenir une pâte humide à poser en cataplasme sur les bobos, les boutons, les brûlures légères…

Le petit jeu des messagères d’un printemps encore loin mais pas tant que çà !

Sur cette photo prise il y a quelques instants aujourd’hui 9 février 2021 combien d’espèces distinguez-vous ? En fleurs ? En début de développement ? Réponse ci -dessous dans les commentaires

Nous sommes là dans un espace anciennement engazonné et rendu à la prairie naturelle, partiellement tondue au printemps et en été. Nous aurons beaucoup de surprises dans les prochaines semaines, à suivre ensemble !

Les rendez-vous Cyclamens

Deux espèces de cyclamen se côtoient dans ce jardin, l’une est en fleurs depuis la deuxième quinzaine de janvier, le Cyclamen coum ou Cyclamen de l’île de Cos, le voici :

Tout est arrondi chez lui, la feuille avec son motif en forme de « sapin » vert sur fond pâle et cette petite fleur très ramassée sur elle même, elle s’inscrirait dans un cylindre plus large que haut. C’est une vivace bulbeuse à floraison hivernale très intéressante, car si elle se plait chez vous elle peut couvrir le sol de très jolis tapis rose. En effet ce cyclamen se ressème volontiers si le milieu lui convient. Pour celà, je recommande de ne pas nettoyer le sol à proximité des arbres et des arbustes. Vous pouvez « faire propre » dans la cuisine ou la salle de bains, le jardin n’a pas de vocation domestique. Le sol gagne sa fertilité des feuilles mortes et des déchets végétaux, du travail des bestioles et des organismes souterrains. Mes photos ne sont pas préparées, je ne mets pas les plantes en valeur, elles ne « posent  » pas, ceci précisé pour celles et ceux qui pourraient s’étonner de voir quelques aiguilles,feuilles ou branches mortes

Des questions sur le Cyclamen coum? N’hésitez pas !

Une autre espèce de cyclamen ne fleurira ici qu’en fin d’été début d’automne, Le Cyclamen de Naples ou Cyclamen à feuilles de lierre (Cyclamen hederifolium)

A gauche ci-dessus, facilement reconnaissable à ces feuilles très décoratives qui rappellent – c’est vrai – celles de certains lierres. Il fleurit aux premières gouttes en fin d’été après la période de repos que la nature lui a donné pendant la sécheresse et la chaleurs estivales. Actuellement son feuillage nourrit les bulbes qui ainsi se rechargent en matières nutritives pour la prochaine floraison.

A droite le Cyclamen coum entrera également en repos dans quelques semaines au semaine.

La question qui m’est le plus souvent posée  » comment puis-je cultiver cette plante? Quels soins dois-je lui apporter ?  » trouve sa réponse dans la connaissance de l’origine de ces végétaux. Savoir où et dans quelles conditions poussaient leurs lointains ancêtres est la principale condition du bonheur au jardin !

Des fleurs en hiver (en continu !)

Il se disait autrefois que le mois de février, le plus petit mois de l’année pouvait être aussi le plus méchant . Dans la réalité des annales météorologiques depuis que les relevés suivis et sérieux existent , on s’aperçoit qu’il y a toujours eu des mois de février…de toutes le couleurs! Très froids, froids, doux, humides, secs, venteux, pluvieux ou neigeux – sous nos latitudes en particulier – gardons nous bien de participer au choeur habituel qui voudrait qu’autrefois « au moins il y avait des saisons » ou que le temps était « normal ». La réalité des chiffres patiemment collectés est là pour rectifier la défaillance mémorielle, les idées préconçues, ou le images d’Epinal.

Depuis la fin du mois de janvier, en cette année 2021, les crocus hybrides apparaissent et rejoignent les roses de Noël ( Helleborus niger ) déjà fleuries. Pour ces plantes vivaces vous remarquerez que la date d’apparition des premières fleurs, la rapidité et la longueur des floraisons dépendent étroitement des températures. Une gelée matinale, des températures diurnes faibles favorisent la longueur des floraisons, un temps doux et humide les abrègent.

Dans un jardin d’où la nature n’est pas chassée, les plantes se naturalisent et s’associent entre elles, plus ou moins bien. Certaines disparaissent , d’autres apparaissent, c’est une source d’observations souvent surprenantes et même heureuses. Ici vous avez peut-être reconnu les feuilles de Rudbeckie ( floraison jaune en été) et les feuilles rougeâtres de la Bugle rampante ( Ajuga reptans ) qui pointera ses belles inflorescences bleues en plein printemps. Elles prendront le relais !

Demain, je vous donne rendez-vous avec une autre joie d’hiver : la floraison non loin de là du Cyclamen de l’île de Cos, le Cyclamen coum…

Des fleurs en hiver (suite)

De novembre à février, l’Iris d’Alger enchante les jours les plus courts de l’année!

Il suffit que les températures se radoucissent en journée et qu’un rayon de soleil perce pour que les touffes d’iris d’Alger (Iris unguicularis) se couvrent de fleurs. Vous lisez ici ou là qu’il est parfumé.Là encore, avec cette espèce, les conditions atmosphériques favorables à la diffusion du parfum doivent être réunies et ce n’est pas toujours le cas. L’heure de la journée a également son importance, mais il est à peu près certain que le parfum de cet iris est plus faible que celui d’autres espèces. Notez aussi qu’il existe plusieurs sous-espèces et cultivars qui peuvent présenter des tonalités de bleu plus ou moins intenses, des formes des tépales et des colorations des motifs de la gorge différentes. Pourquoi pas une nuance parfumée plus affirmée et perceptible ?

Cette iris d’hiver a sa place dans les rocailles les plus sèches des jardins méditerranéens.

Je répondrais avec plaisir à toutes vos questions mais également à vos témoignages et commentaires, ci-dessous !

Un vrai parfum d’hiver…

C’est celui du chèvrefeuille d’hiver, ou chèvrefeuille très parfumé, Lonicera fragrantissima. Il n’est pas grimpant mais arbustif, et peut prendre un développement relativement important. Aussi large que haut – autour de 3m – mais avec un port étonnant. Les branches partent en bouquet depuis le sol, d’abord assez raides elles finissent par s’arquer, et l’ensemble s’arrondit et parait assez souple. Les branches extérieures les plus retombantes peuvent se marcotter naturellement par simple contact avec le sol, ce qui vous donne de nouveaux sujets !

A 50 km à vol d’oiseau de la Méditerranée, ce chèvrefeuille n’est pas persistant. En plein mois de janvier ses rameaux sont couverts de petites fleurs blanches au parfum délicieux à la fois très suave et légèrement citronné. Un parfum que l’on peut sentir à plusieurs mètres de distance lorsque l’atmosphère s’y prête. C’est vrai pour d’autres végétaux. Les conditions qui favorisent le parfum sont bien connues : une température douce, une forte hygrométrie de l’air. Au contraire, les températures basses et un air sec nous privent de fragrances naturelles.

Voilà un sujet d’échanges entre nous ! Le chèvrefeuille d’hiver, le « très parfumé » -traduction littérale de « fragrantissima » est-il chez vous caduc comme chez moi ou semi-persistant ?

Comment le conduisez-vous, supprimez-vous par exemple les branches les plus anciennes? Avez-vous déjà essayé de le multiplier et comment? Appréciez-vous le parfum de sa floraison?

Une floraison bienvenue en une saison où les insectes qui recherchent le nectar ont parfois du mal à se nourrir. Par les journées plus douces ou peu froides de l’hiver, j’observe des bourdons qui visitent ses fleurettes, comme celles plus larges de l’ hellébore de Corse ou de la Rose de Noël. Et vous, que voyez-vous ?

Nourrissage hivernal…

Durant l’hiver, toutes les espèces d’oiseaux ne sont pas migratrices. Toutes ne vont pas trouver leur nourriture sous d’autres cieux, plus au sud . Certaines comme le moineau domestique ou les mésanges charbonnières sont sédentaires. Elles se débrouillent en ne s’écartant pas – ou très peu – des endroits qu’ils fréquentent toute l’année. D’autres espèces deviennent erratiques, et leurs déplacements et recherches alimentaires sont étroitement fonction de l’intensité du froid et des alternances entre les périodes de redoux et les descentes d’air froid, mais surtout de la présence ou non de la neige.

Si vous décidez d’installer un point de nourrissage pour nos petits visiteurs d’hiver sachez que vous devrez le ravitailler jusqu’à la fin des risques de disette, jusqu’au 15 mars environ au sud de la France et jusqu’au 15 avril au nord. Ce sont des dates moyennes, bien sûr, car il faut tenir compte -par exemple- de l’éloignement par rapport aux côtes, la mer étant un puissant facteur de modération des températures. Mais autant nourrir trop tôt en début d’hiver est inutile, autant nourrir tardivement (au delà du mois d’avril) peut être néfaste . Il arrive un moment où les espèces doivent retrouver leur régime habituel.

Dès qu’un point de ravitaillement est ouvert, avec les boules de graisses comme sur la photo ou les graines de tournesol en « libre-service », il ne devrait jamais être abandonné par son propriétaire au risque de mettre en danger les pensionnaires habitués à cette généreuse aubaine. Ce risque est d’autant plus important lorsqu’une vague de froid vif suit de près une dégradation qui laisse de la neige au sol. La situation peut alors devenir meurtrière car les oiseaux reprennent leurs recherches dans des conditions difficiles sans avoir une grande autonomie physique en raison du manque de graisse.

Températures de saison

L ‘Euphorbe de Corse ou Euphorbe à feuilles de myrte (Euphorbia myrsinites ) parait s’étaler encore plus qu’à l’ordinaire par temps froid. Photo prise hier par -4°5.

Pourtant cette belle succulente n’est pas frileuse et pourrait affronter des froids bien plus vifs. Le froid est d’autant mieux supporté que le sol est sec. Au printemps sa floraison en vert chlore et vert acidulé sur son feuillage très graphique attire le regard ( retrouvez dans ce blog une image de cette même plante en fleurs !) et en été elle reste des plus sobres. L’eau d’un orage sporadique lui suffira amplement, mais elle survivra à une longue sécheresse. L’exemple même d’une plante bien adaptée au climat méditerranéen, parfois excessif !

Tour de jardin à la fin septembre…

 

Ravissement simple et très peu coûteux, 3 ans après la plantation.

Pour la météorologie , les saisons ne commencent plus à la date indiquée sur votre calendrier, mais au premier jour du mois qui la précède. Ainsi, l’automne a débuté le 1er septembre.

Après un mois de sécheresse absolue ou peu s’en faut, voici l’image d’un massif exposé au nord-ouest .

De gauche à droite et de haut en bas : inflorescences fanées des hortensias, fructifications des nandinas, asters, anémones du Japon rose et blanche. Ce massif a pu bénéficier de quelques arrosages en cours d’été et ce mois-ci. Les hyménoptères pollinisateurs et/ou parasitoïdes sont très actifs et profitent de cette variété florale.

Allons voir le feijoa sellowiana :

Ce n’est pas un olivier! Observez les vestiges de la fleur fécondée.

Ses fleurs sont très ornementales, et la mode voudrait que nous les mangions !. Elles seraient délicieuses. Je préfère pour ma part (et pour mes pots de confiture, vides) attendre la maturité des fruits. Ces « goyaves du Brésil », ou « de Montevideo » seront mûres dans quelques semaines. Pour l’heure, elle ne font que quelques cm ( d’un à cinq cm) , début novembre elles auront triplé ou quadruplé, pour devenir pour certaines plus grosses que les kiwis les plus volumineux.

Le fruit mûr est savoureux mais sa compote et sa confiture sont une surprise gustative, à base de suavité et de doux parfums, sans outrances exotiques. Voyez- le de plus près, et recherchez dans ce même blog une page ancienne consacrée à sa joyeuse floraison.

Encore quelques semaines de patience…