Des fleurs en hiver (suite)

De novembre à février, l’Iris d’Alger enchante les jours les plus courts de l’année!

Il suffit que les températures se radoucissent en journée et qu’un rayon de soleil perce pour que les touffes d’iris d’Alger (Iris unguicularis) se couvrent de fleurs. Vous lisez ici ou là qu’il est parfumé.Là encore, avec cette espèce, les conditions atmosphériques favorables à la diffusion du parfum doivent être réunies et ce n’est pas toujours le cas. L’heure de la journée a également son importance, mais il est à peu près certain que le parfum de cet iris est plus faible que celui d’autres espèces. Notez aussi qu’il existe plusieurs sous-espèces et cultivars qui peuvent présenter des tonalités de bleu plus ou moins intenses, des formes des tépales et des colorations des motifs de la gorge différentes. Pourquoi pas une nuance parfumée plus affirmée et perceptible ?

Cette iris d’hiver a sa place dans les rocailles les plus sèches des jardins méditerranéens.

Je répondrais avec plaisir à toutes vos questions mais également à vos témoignages et commentaires, ci-dessous !

Un vrai parfum d’hiver…

C’est celui du chèvrefeuille d’hiver, ou chèvrefeuille très parfumé, Lonicera fragrantissima. Il n’est pas grimpant mais arbustif, et peut prendre un développement relativement important. Aussi large que haut – autour de 3m – mais avec un port étonnant. Les branches partent en bouquet depuis le sol, d’abord assez raides elles finissent par s’arquer, et l’ensemble s’arrondit et parait assez souple. Les branches extérieures les plus retombantes peuvent se marcotter naturellement par simple contact avec le sol, ce qui vous donne de nouveaux sujets !

A 50 km à vol d’oiseau de la Méditerranée, ce chèvrefeuille n’est pas persistant. En plein mois de janvier ses rameaux sont couverts de petites fleurs blanches au parfum délicieux à la fois très suave et légèrement citronné. Un parfum que l’on peut sentir à plusieurs mètres de distance lorsque l’atmosphère s’y prête. C’est vrai pour d’autres végétaux. Les conditions qui favorisent le parfum sont bien connues : une température douce, une forte hygrométrie de l’air. Au contraire, les températures basses et un air sec nous privent de fragrances naturelles.

Voilà un sujet d’échanges entre nous ! Le chèvrefeuille d’hiver, le « très parfumé » -traduction littérale de « fragrantissima » est-il chez vous caduc comme chez moi ou semi-persistant ?

Comment le conduisez-vous, supprimez-vous par exemple les branches les plus anciennes? Avez-vous déjà essayé de le multiplier et comment? Appréciez-vous le parfum de sa floraison?

Une floraison bienvenue en une saison où les insectes qui recherchent le nectar ont parfois du mal à se nourrir. Par les journées plus douces ou peu froides de l’hiver, j’observe des bourdons qui visitent ses fleurettes, comme celles plus larges de l’ hellébore de Corse ou de la Rose de Noël. Et vous, que voyez-vous ?

Nourrissage hivernal…

Durant l’hiver, toutes les espèces d’oiseaux ne sont pas migratrices. Toutes ne vont pas trouver leur nourriture sous d’autres cieux, plus au sud . Certaines comme le moineau domestique ou les mésanges charbonnières sont sédentaires. Elles se débrouillent en ne s’écartant pas – ou très peu – des endroits qu’ils fréquentent toute l’année. D’autres espèces deviennent erratiques, et leurs déplacements et recherches alimentaires sont étroitement fonction de l’intensité du froid et des alternances entre les périodes de redoux et les descentes d’air froid, mais surtout de la présence ou non de la neige.

Si vous décidez d’installer un point de nourrissage pour nos petits visiteurs d’hiver sachez que vous devrez le ravitailler jusqu’à la fin des risques de disette, jusqu’au 15 mars environ au sud de la France et jusqu’au 15 avril au nord. Ce sont des dates moyennes, bien sûr, car il faut tenir compte -par exemple- de l’éloignement par rapport aux côtes, la mer étant un puissant facteur de modération des températures. Mais autant nourrir trop tôt en début d’hiver est inutile, autant nourrir tardivement (au delà du mois d’avril) peut être néfaste . Il arrive un moment où les espèces doivent retrouver leur régime habituel.

Dès qu’un point de ravitaillement est ouvert, avec les boules de graisses comme sur la photo ou les graines de tournesol en « libre-service », il ne devrait jamais être abandonné par son propriétaire au risque de mettre en danger les pensionnaires habitués à cette généreuse aubaine. Ce risque est d’autant plus important lorsqu’une vague de froid vif suit de près une dégradation qui laisse de la neige au sol. La situation peut alors devenir meurtrière car les oiseaux reprennent leurs recherches dans des conditions difficiles sans avoir une grande autonomie physique en raison du manque de graisse.

Températures de saison

L ‘Euphorbe de Corse ou Euphorbe à feuilles de myrte (Euphorbia myrsinites ) parait s’étaler encore plus qu’à l’ordinaire par temps froid. Photo prise hier par -4°5.

Pourtant cette belle succulente n’est pas frileuse et pourrait affronter des froids bien plus vifs. Le froid est d’autant mieux supporté que le sol est sec. Au printemps sa floraison en vert chlore et vert acidulé sur son feuillage très graphique attire le regard ( retrouvez dans ce blog une image de cette même plante en fleurs !) et en été elle reste des plus sobres. L’eau d’un orage sporadique lui suffira amplement, mais elle survivra à une longue sécheresse. L’exemple même d’une plante bien adaptée au climat méditerranéen, parfois excessif !

Comme promis !

Privé d’échanges radiophoniques depuis le mois de septembre, la voix des auditrices et des auditeurs me manque comme leurs questions, leurs témoignages, ces échanges d’émerveillements, de doutes, d’hésitations, de petites et grandes joies. Le tout non pas dans un esprit d’expertise académique, mais avec l’amour de la nature pour seul principe. Quand on a la chance de posséder ou d’avoir à sa disposition un petit bout de la surface de la planète, c’est à la fois une aubaine et une responsabilité. Le jardin ne s’arrête pas à la limite de la propriété, il est inscrit dans un ensemble plus vaste. Il peut être de dimensions modestes ou plus vastes, planté ou non d’arbres déjà anciens, de vestiges végétaux du passé, de vivaces et d’arbustes plus récents. Mais l’amour du monde végétal vit aussi dans et sur le bâti avec les cultures suspendues en terrasses, peuplant les balcons pour saluer les passants. L’usage du verre dans l’architecture favorise le développement des plantes tropicales mais le goût de notre époque pour les piscines appauvrit paradoxallement la diversité végétale.

Partageons ensemble ici notre passion d’un jardin le plus naturel possible. A la fois les idées, les questions, les observations, les surprises bonnes ou moins agréables , comme nous l’avons fait avec tant de bonheur depuis 1985 successivement sur France Bleu Drôme Ardèche, France Bleu Hérault, France Info. J’ai hâte de renouer avec vous !

Une luxuriante association de Romneya coulterii après la floraison, avec Phlomis, gaillardes, lauriers-roses et Rosa ‘Rush ». Image de début d’été. Par une météo plus chaude que celle du jour !