L’onagre bisannuelle : suite et…faim ?

Oenothere 2015 2Les fleurs éclosent à vue d’oeil avec l’arrivée de la nuit, elles se ferment le lendemain en fin de matinée, mais la belle débarquée du Nouveau Monde au XVIIème siècle recèle de vraies vertus !

D’abord, si les premiers explorateurs de l’Amérique du Nord l’ont ramenée en Europe c’est parce qu’elle était consommée par les populations indiennes qui lui trouvaient un intérêt pour leur santé. Cultivée dans plusieurs pays ( elle est encore présente dans la liste des plantes potagères des anciens catalogues de semences)  elle apparait meilleure pour la forme qu’au papilles. Les très jeunes feuilles peuvent entrer dans les salades sauvages de jeunes pousses (la « mâche rouge »), mais c’est sa longue racine charnue qui est intéressante, ainsi que l’huile contenue dans ses graines. Cette racine prend à la cuisson une jolie nuance de rose. En bouche, vous pourriez la comparer au salsifis pour la texture, en plus sucré, et légèrement poivré. Dit-on!  En effet,  je n’ai encore jamais eu l’occasion d’en goûter. On ne se promène pas avec une bêche, hélas, car cette racine profonde est parfois difficile à extraire. Si vous en semez chez vous, dans votre coin potager, l’arrachage sera plus aisé car vous en travaillez régulièrement le sol ( Un travail à la fourche bêche de type « grelinette » est particulièrement indiqué). Trop peu de contemporains savent que cette racine a été appelée « le jambon des jardiniers » ou « jambon de Saint-Antoine »  non seulement pour sa couleur rose cochon après cuisson, mais pour sa valeur nutritive. Le botaniste Paul Fournier (1877-1964) rapporte l’adage germanique selon lequel une livre de racines donne plus de force qu’un quintal de boeuf *

Les végétariens, et les nutritionnistes tellement à la mode, pourraient tendre l’oreille. Comme les chefs – étoilés ou non – qui se retrouvent dans une recherche éperdue de la « nouveauté ancienne » pour nous amener à table de véritables assiettes de dinette « design »,  assorties bien sûr de l’étalage de leur mérite dans la redécouverte des « saveurs d’autrefois » , et de l’énoncé bougrement long et poétique du met sur la carte. Jusqu’ au poignant et définitif  : « …et grains de fleurs de sel rose de Robert Tartemolle, saulnier de chez nous » . Ce qui veut dire que le chef a légèrement salé la préparation avec un produit local, certes, et il faut le dire.

Pour l’instant – à ma connaissance – cette ex américaine sauvageonne des remblais, des bords de chemins, et des plaines alluviales  fonde de grands espoirs chez les  chercheurs de nouvelles molécules pour la dermatologie, la cosmétique, et d’autres soucis plus intérieurs que ceux de l’aspect de notre peau. Qui ne s’est jamais entendu proposer des gélules d’huile d’onagre, pour quelques démangeaisons, rougeurs ou inflammations? Comme on le disait à l’époque des « réclames » oui, cette huile peut avoir des effets souverains. Elle en a, assurément, sur les bénéfices des laboratoires.

Les graines de cette plante parfois qualifiée de mauvaise herbe, de « saleté » comme je l’ai entendu dernièrement, contiennent près d’un quart d’huile très riche en acides gras insaturés. En plus de l’acide oléique et de l’acide linoléique, elles renferment de belles quantités d’un autre acide gras essentiel : l’acide gamma-linolélique (Oméga 6) .

Au fait, ce nom d’onagre, çà ne vous dit rien ? Non bien sûr il ne s’agit pas de l’âne sauvage. L’onagre sert de base à la création de noms de marques, de spécialités cosmétiques! La « mauvaise herbe » n’est pas une « saleté » pour tout le monde , et l’huile de ses graines n’enrichit pas que les capacités de la peau à résister au vieillissement. Bonne et belle fille ( même si d’aucuns la méprisent en leur jardin)  l’oenothère bisannuelle, l’onagre enrichit celles et ceux qui ont pensé l’étudier, et l’exploiter. Et toutes les grosses ou fines ficelles du marketing et de la publicité font le reste, et nous vendent jeunesse, beauté, séduction. Rions un peu. C’est également excellent pour lutter contre les rides …

 

Bibliographie, vous en saurez beaucoup plus:

– Légumes d’hier et d’aujourd’hui, Marie-Pierre Arvy, François Gallouin, Ed Belin 2007.

-Légumes anciens, Saveurs nouvelles, Marianne Loison, Ed France Agricole 2006.

-Petit Larousse des plantes qui guérissent, Gérard Debuigne, François Couplan, Ed Larousse 2006 ( réedité, actualisé depuis)

 

Une américaine en or massif…L’onagre ou Oenothera biennis.

Oenothere 1

Américaine, elle ne l’est plus – exclusivement – depuis longtemps. Elle fait partie de ces plantes arrivées en Europe au début du XVIIème siècle ( vers 1610 )avec beaucoup d’autres que vous connaissez bien. Comme le Robinier, que nous appelons plus souvent acacia, épineux, mais bénédiction parfumée de grappes de fleurs blanches au printemps…De ces plantes débarquées dans nos ports il y a 4 siècles les botanistes disent qu’elles se sont naturalisées. Elles ont trouvé dans nos sols, nos climats, des conditions favorables à leur installation définitive.

Oenothera biennis est magnifique (adjectif à la mode que je m’efforce de ne pas employer à propos de tout et de n’importe quoi) et elle m’étonnera, m’émerveillera, toujours. Comme on en voit dans la nature, dans les remblais, les lieux sablonneux, les alluvions, personne ou presque n’en veut dans son jardin. Et pourtant! Elle fait souvent plus d’1 m, 1m50, possède un beau feuillage bien vert, se contente de sols pauvres et secs, et fleurit sans discontinuer pendant plusieurs semaines.

Les fleurs, justement, d’un jaune soufre à jaune citron, sont grandes ( plus de 5cm) légèrement odorantes, et groupées. Etonnement : Ces fleurs s’ouvrent le soir, à la tombée de la nuit! C’est un spectacle fascinant. Elles s’ouvrent à vue d’oeil. A la fin de l’après midi, traversez un terrain où pousse l’onagre, les plantes ne montrent que les fleurs de la veille, fanées. La nuit tombée, retraversez cet espace. Le spectacle est saisissant. Les fleurs paraissent luminescentes! Les corolles en disques pâles sont ouvertes comme de grands yeux  dans la pénombre. Le parfum subtil flotte dans l’air.Oenothere 2015 1

Vous avez des enfants avec vous ? Montrez leur comment, en joignant les paumes de leurs 2 mains de façon à enfermer dans l’obscurité le long bouton pointu d’une fleur ( attention, sans la cueillir), l’ouverture de la corolle se produit en quelques instants au creux de leurs mains, surprise assurée! Parfois avec une petite frayeur rapidement suivie d’une grande joie et de l’envie de recommencer l’expérience. Il suffit de quelques secondes pour que les pétales soudain déployés viennent chatouiller les petites paumes !

Ces fleurs s’ouvrent avec la nuit et sont pollinisées par des insectes nocturnes. Le lendemain, elles restent épanouies jusqu’à la mi-journée. L’après-midi, bien sûr, en attendant la floraison du soir, elles ont un piètre aspect. La reine de la nuit parait bien fripée. Mais l’onagre réserve bien d’autres surprises de taille…

A suivre !

 

Vers luisants : Les chercheurs ont besoin de lumières…

Vous n’avez pas oublié cette surprise: une petite lumière verte aperçue par hasard, une nuit d’été, au sol ou pas trop loin du sol dans un mur en pierres sèches. C’est par ce signal lumineux émis par son postérieur que la femelle du « ver » luisant se signale à un mâle de passage. Ce n’est pas un ver  (pas une larve!) mais cette femelle en a (de loin ) l’aspect assez long et mou.  Le « ver luisant » ou Lampyre est un  coléoptère. Comme le hanneton. Le mâle en a les élytres solides. La femelle lumineuse nocturne se déplace sur 3 paires de pattes, en s’appuyant parfois sur sa queue. C’est une prédatrice très intéressante pour les jardiniers, elle se nourrit d’escargots et de limaces !

Hélas, il semblerait que les vers luisants disparaissent sans que les spécialistes de notre environnement naturel ne comprennent bien pourquoi. Herbicides ? Insecticides? Hélicides en particulier? Le changement climatique? La pollution lumineuse ? On  abuse souvent de lumière -certes- pour des raisons de sécurité, mais aussi pour faire de l’effet déco, c’est tendance. Sans parler de l’ancestrale « peur du noir ». Il faut  aider les équipes qui se penchent sur le phénomène, elles ont besoin de nous. . Pour participer à cette recherche, l’enquête est ouverte,  tout le monde peut participer! Il suffit de retrouver l’Observatoire des Vers Luisants grâce à votre moteur préféré sur Internet. Une petite fiche est à compléter , très simplement, dès que vous avez aperçu le lumignon fluorescent, le signal de Madame Lampyre, et chaque fois que vous en croiser un ou plusieurs autres. Je viens de remplir la fiche de ma première observation 2015!

OVL.france@gmail.com pour contacter les coordinateurs du projet – le Groupe Associatif Estuaire, et le CNRS.  Ou par téléphone au 07 83 43 62 36.

Promenez-vous tard le soir , ouvrez l’oeil , et participez!

 

Chaud et sec ? Voilà ce qu’il aime !

Le Pavot de Californie ou « Pavot en arbres », Romneya coulteri adore.

Il y a 3 ans, je l’ai planté à 2 m d’un Phlomis, dans un trou rempli de …cailloux. Des gros comme des citrons , des petits comme des pois. Sans précaution particulière. J’ai ajouté une poignée de terre mélangée à un peu de compost et un arrosoir d’eau.
A l’automne, la plante est sévèrement rabattue, et paillée de feuilles mortes. Pavot de Californie 06 14

Au printemps, elle repousse à des hauteurs supérieures à celles de l’année précédente. 1m70 en ce début juillet 2015, après une éblouissante et généreuse floraison d’une vingtaine de pavots de soie blanche, brillante, froissée. Beauté subtilement odorante, coeur d’or, dans un feuillage découpé, vert glauque.

Il fait chaud et sec, pourtant le Romneya n’est pas arrosé régulièrement. Peut-être 5 l d’eau chaque dizaine ou quinzaine de jours ? C’est tout. Il a tout de ses ancêtres du sud californien, des durs à cuire qui ne font pas de cinéma…

Originaire des pentes rocailleuses, subdésertiques, au sud de Los Angeles, le Romneya pourrait servir d’exemple pour une leçon d’adaptation, d’écologie, et de jardinage!  Romneya coulterii