On en a parlé dimanche dernier 20 mars …

toujours sur France Bleu Hérault. Parmi les questions du jour, le problème universel des dallages soulevés par les racines revient souvent au standard. Pour Bernard,  auditeur ce matin là qui rencontre le problème avec son mûrier, pas question de se laisser faire par les racines, il me demandait donc s’il y avait un risque à couper…la coupable, et à replacer les dalles.

A cette question, impossible de répondre à la radio autrement que sur le fond, les causes du problème. Lorsqu’on n’est pas devant le sujet, au pied de l’arbre, la sagesse la plus élémentaire est de s’abstenir de donner des conseils virtuels. La conclusion sur l’explication du phénomène est que les racines ont besoin de respirer , et qu’elles ne doivent en aucun cas être accusées de détérioration.

Opus soulevés par les racines radiales d'un pin parasol. Des tentatives de réparations des joints sont visibles.

Opus soulevés par les racines radiales d’un pin parasol. Des tentatives de réparations des joints sont visibles.

Lorsque le sol est couvert par un matériau imperméable  jusqu’au collet de l’arbre – ou à moins d’un mètre (en moyenne) de celui-ci – les racines auront toujours tendance à rester en surface, là où se trouve l’eau de condensation ( en raison des échanges thermiques à travers la pierre), et à soulever le matériau pour respirer. Les matériaux en question peuvent être comme ici des dalles jointoyées, des pavés autobloquants, des enrobés, des dalles de ciment.

Sous ce sophora, toutes les réparations du dallage ont échoué. Les propriétaires ont dégagé les dalles, des vivaces rampantes et tapissantes les remplaceront.

Sous ce sophora, toutes les réparations du dallage ont échoué. Les propriétaires ont dégagé les dalles, des vivaces rampantes et tapissantes les remplaceront.

Notez bien : – ici l’arbre avait été planté trop bas. Le tronc doit se trouver à l’air libre, hors du sol! Conséquence : favorisés par l’humidité sous les dalles, des champignons ont pénétré dans le sophora et le colonise sournoisement année après année. L’arbre est malade, il perd des branches de plus en plus nombreuses. Il faut toujours se souvenir que la vocation du collet de l’arbre, zone visible entre les racines et le tronc, est d’être une transition entre le sol et l’atmosphère. A respecter impérativement.

Observation rare et exclusive pour vous, amis lecteurs de ce blog,

Regardez de plus près , sur l’image ci-dessous:

Comment l'arbre peut-il réagir et contrer l'asphyxie?

Comment l’arbre peut-il réagir et contrer l’asphyxie?

Cette bosse qui s’élève hors du sol est située sur une racine. Il s’agit d’une réaction ultime de l’arbre pour permettre à ses racines de respirer,  la création d’ un organe de respiration nommé pneumatophore. Certaines essences en sont naturellement pourvues, une en particulier : le Cyprès chauve, ou Taxodium. Le milieu naturel de ce conifère caduc, c’est le » bayou » de Louisiane, les marécages. Il vit  dans l’eau, donc, pour sa survie l’évolution naturelle l’a conduit à s’équiper de « prise d’air » au dessus de la surface de l’eau.

En revanche, ici, nous avons affaire à un Sophora japonica , un Sophora comme il y en a beaucoup dans les jardins de France, et qui ne développe jamais ce type d’adaptation. Mais l’humidité du sol et la lourde occultation du dallage aidant, celui-ci a eu cette incroyable réaction, inhabituelle chez le Sophora comme chez tant d’autres essences,  il a émis un pneumatophore ! La leçon montre encore une fois qu’il ne faut jamais rien généraliser , et que le comportement d’un arbre d’une espèce donnée peut être très différent selon les caractéristiques du milieu.

Respire, bel arbre, tu nous montres là que tu es un organisme vivant à part entière. Et non pas un élément de décor modulable, transformable, adaptable,  taillable et corvéable à merci . Respect !

 

Mais nous avons aussi parlé PIVOINE HERBACEE, avec la question d’Huguette.

Cette auditrice amoureuse des pivoines remarque avec quelques inquiétudes que les siennes paraissent moins drues, plus maigres…

Une variété déjà ancienne de Pivoine, aux fleurs impressionnantes...

Une variété déjà ancienne de Pivoine, aux fleurs impressionnantes…dans un sol respecté.

Oublions le refrain bien connu de la publicité* qui dit  « il faut nourrir vos plantes! » Non, vous n’avez pas à nourrir directement vos plantes, tout au moins celles que vous cultivez en pleine terre. Les plantes doivent trouver dans le sol tout ce dont elles ont besoin. Et notre attention doit donc se porter sur le sol, pour veiller à ce qu’il soit pourvu de telle manière à mettre à disposition des végétaux que nous cultivons les éléments dont ils se nourrissent. Ce qui est très différent.  Nourrir le sol – l’incroyable et fabuleux monde du sol vivant – avec ses champignons, ses bactéries, ses organismes animaux et végétaux , c’est d’abord ne pas le salir et le déséquilibrer par des agressions chimiques, et ensuite compte tenu de sa structure , de sa nature, lui apporter de quoi vivre en forme , et faire vivre nos plantes sainement.

Durant des années les pivoines d’Huguette ont  déjà bien entamé  les réserves stockées dans la terre où elles vivent, c’est pourquoi  je lui ai recommandé d’apporter autours de chaque touffe, avant l’hiver,  une épaisse couche de matériaux composée de feuilles mortes, ( et éventuellement de déchets végétaux broyés, « BRF »)  et de fumier bien composté. Une grande partie de cet apport aura été digéré par le sol durant l’hiver, à l’apparition des premiers signes de reprise au début du printemps, n’hésitez pas à enfouir superficiellement par griffage quelques poignées de sang séché, ou mieux de sang + de la corne torréfiée. Ce mélange est à disposition chez les revendeurs.

* Ce refrain, on le retrouve même hélas parfois dans les « conseils » d’une certaine presse..

On en a parlé dimanche dernier…

Le dimanche 13 mars 2016.  9h-9h30, sur France Bleu Hérault.

Il a été question de mort subite du Catalpa, de cinéraire des fleuristes (Pericallis X), de sauges, et comme souvent de « taille de l’hortensia ».

Comme la plupart des amis (et même des amoureux!) des jardins, le sujet au singulier me rend un peu grognon. Les hortensias les plus communs, Hydrangea macrophylla, quelles que soient leurs couleurs, ne sont que l’une des branches d’une grande famille, les Hydrangea. Il y en a beaucoup d’autres. Certaines espèces et leurs nombreuses variétés sont très intéressantes, en particulier lorsque le sol n’a pas le pH idéal, ni la structure la meilleure. Parlons d’hortensias, oui, mais au pluriel!

En général, les questions du public ne portent que sur les Hydrangea macrophylla, les hortensias à grosses têtes rondes, tels que ceux qui sont vendus en fleurs, au moment de la fête des mères. Remarquons le : le commerce des plantes vivantes cible le côté impulsif de la clientèle, l’achat au coup d’oeil, la couleur et la forme qui font craquer – et vite sortir la carte ou le chéquier -mais pas souvent la curiosité, le conseil éclairé, le durable, la santé du jardin autant que celle des jardiniers.

Tous les Hydrangea   ne se taillent donc pas de la même façon. Utilisez le catalogue des pépinières, les visites chez les pépiniéristes ( ceux qui cultivent eux-mêmes ce qu’ils vendent, mais il faut parfois aller hors régions, la fréquentation des manifestations d’automne est recommandée !) et les ouvrages consacrés aux Hydrangea, pour découvrir leur diversité, leur intérêt.

Cet "Hortensia" pas comme les autres vit vieux, comme un petit arbre ramifié. Ici en début de floraison.

Hydrangea paniculata. Cet « Hortensia » pas comme les autres vit vieux, comme un petit arbre ramifié. Ici en début de floraison, à la fin de l’été. On peut le rabattre au printemps.

Pourquoi Hydrangea paniculata, si tolérant au sol et au climat, est-il si rare, alors qu’il fleurit bien près les autres, à la fin de l’été et au début de l’automne, ces hautes inflorescences pyramidales virant du blanc au rose à l’approche du froid. Vous pouvez même vous en servir pour les décorations de Noël ! Et les Hydrangea quercifolia ( = à feuille de chêne) qui s’accomodent si bien de la chaleur,Hydrangea quercifolia au premier plan.L’hydrangea à feuille de chêne, également en début de floraison au Parc des 5 continents à Marsillargues dans l’Hérault, chez Eric Dubois.

et les Hydrangea arborescens   dont les nouvelles créations, hybrides, sont la preuve de la grande plasticité? Elles peuvent je pense s’adapter à peu près partout. On n’est pas toujours obligé de charier des sacs de terre – dite- de bruyère, en épuisant les dernières tourbières de la planète….

"Annabelle" n'est pas un "hortensia" comme les autres. Tête ronde, oui, mais rustique et tous sols ou presque.

Hydrangea arborescens « Annabelle » n’est pas un « hortensia » comme les autres. Tête ronde, oui, mais rustique et tous sols ou presque.

  

L'hortensia qui pose le plus de questions! C'est Hydrangea macrophylla.

L’hortensia qui pose le plus de questions! Notre  Hydrangea macrophylla.

Et, pour illustrer la réponse à la question la plus souvent reçue à l’antenne :

Une affaire de "canne" et de bourgeons...

Une affaire de « canne » et de bourgeons…

 » Quand – et – comment tailler les hortensias Hydrangea macrophylla ?  »

Quand? La période est longue pendant laquelle cette opération est possible, surtout au sud du pays. D’une façon générale : à l’automne après la chute des feuilles vous pouvez couper les inflorescences fanées (essentiellement décolorées) Elles peuvent entrer dans la composition de bouquets secs (avec 1 tige métallique insérée sous chaque inflorescence, séchage en suspension,  tête en bas). Dans les régions à hiver froid certains jardiniers les laissent pour la protection de la touffe.

A la sortie de l’hiver, vous éclaircissez cette touffe en coupant au ras du sol les vieilles cannes ( bois plus sombre que celui des jeunes.) Coupez également  celles qui sont malingres, déformées, celles qui repartent vers le sol au lieu de s’élever bien drue. Vous conservez celles qui sont coiffées d’un beau gros bourgeon – un bouton – bien dodu ( notre photo) . Les rameaux dont le sommet est plat possèdent des bourgeons latéraux. Ils peuvent également donner des « têtes » mais plus petites et plus nombreuses. L’hortensia de cette photo peut encore être taillé, rien ne presse. Les fleurs se préparent dès l’année précédente !  Voilà pourquoi si vous rabattez ces plantes au ras du sol à l’entrée de l’hiver, vous supprimez toute possibilité de floraison. La taille se limite donc à une sélection de beaus rameaux ou cannes jeunes, et au renouvellement de celles-ci. Sur la photo une canne dont on va profiter des fleurs cette année, mais qui sera coupée au ras du sol dans un an. Notez la couleur du bois…

On en a parlé dimanche…

Coup d’oeil dans le rétroviseur et retour sur nos conversations avec vous, à l’antenne de France Bleu Hérault dimanche 6 mars.

Geneviève s’inquiétait pour son mûrier « platane ». Elle a découvert que l’une de des charpentières (les grosses branches qui partent directement du tronc) était creuse. Son jardinier met en garde contre sa chute, et propose de la boucher avec du ciment…

Assurément ce n’est pas la meilleure conduite à adopter. Rappelons que l’élagage drastique comme on le voit hélas encore et toujours, parfois même de plus en plus tôt à l’automne, est à l’origine du vieillisement prématuré de ces arbres, de leur sensibilité croissante aux maladies. Lorsqu’une branche (ou le tronc) se creuse l’arbre peut vivre encore longtemps, et rester solide. En témoignent les vieux mûriers  dont  les éleveurs de vers à soie coupaient régulièrement branches et feuilllages (photo,

Ces vieillards déformés ont encore un rôle à jouer

Ces vieillards déformés ont encore un rôle à jouer

en Cévennes) . Ajourd’hui les arbres creux sont trop systématiquement abattus par souci de sécurité alors qu’ils ont encore un rôle éminent. Celui d’être le milieu naturel de vie de nombreuses espèces d’insectes, de reptiles, d’oiseaux et de mammifères. Sous nos latitudes, plus du quart des espèces menacées le sont parce qu’on supprime les arbres creux!

Les remplir de ciment favorise la pourriture, ce n’est pas la bonne solution.

Dilemme pour l'arbre urbain...

Dilemme pour l’arbre urbain…

Ici, dans cette commune, on a peut-être craint que l’arbre creux à hauteur d’homme serve de poubelle. Ce « remplissage » témoigne d’une certaine recherche esthétique, mais il a 2 gros inconvénients:

-1- il est plus rigide que l’arbre qui doit garder sa souplesse, même s’il parait immobile ses tissus bougent, « travaillent ». Ce qui lui confère de la solidité.

-2- Le pourrissement intérieur se poursuit, par manque d’aération. De plus il n’y as de drainage. Un simple drain percé à la mèche propre et équipé d’un morceau de tuyau en pvc conduirait les « jus » à l’extérieur.

Enfin, autre mauvais point : le sol imperméabilisé jusqu’au collet de l’arbre. Les racines doivent respirer, les dalles sont soulevées. Ce qui obligent à des interventions, à des reprises coûteuses.

 

Et pour le camélia d’automne (Camellia sasanqua) ?

Simple mais subtilement parfumé, en novembre!

Simple mais subtilement parfumé, en novembre!

Notre auditrice trouve mauvaise mine à son camélia sasanqua. Le phénomène est fréquent en fin d’hiver, car il va se remettre à végéter en vue de sa floraison 2016 et il renouvelle une partie de son feuillage. Malgré tout, il est encore temps de lui apporter au pied et sur un large diamètre …une épaisse couche de tontes de gazon sèches , d’aiguilles de pin, de menus bois d’émondage (taille de troènes par exemple) coupé au sécateur ou hâché au broyeur? Si vous ne disposez pas de ces déchets, remplacez-les par de la « terre de bruyère » . Mais dans un cas comme dans l’autre, ajoutez 2 ou 3 grosses poignées de fumier (de bovins, ovins) bien composté , et autant de sang séché. Pas de corne torréfiée. Sasanqua à floraison d’automne ou japonica à floraison de fin d’hiver et de printemps, les camélias sont très heureux comme çà, sans engrais ni « traitements » !

Le lierre bien urbain…

Souvent mal aimé. Mais le connaissons nous?

Souvent mal aimé. Mais le connaissons nous?

Dans le très chic quartier du bd des Belges à Lyon (6ème) , en face de l’ancien Museum d’Histoire Naturelle (Guimet) , le lierre est non seulement respecté mais utilement employé. Notez – contre la grille, au ras du trottoir – la bande de lierre . Elle évite les déjections des toutous. Sur les arbres conduits librement il absorbe l’humidité et le benzène des émissions de gaz d’échappement… Le « Roi des Décors » est mal aimé, mal connu.

Nous en parlons avec une question de  Sylvie, voyez à la suite de l’article « En avance au rendez-vous »

Un livre à recommander :  » Au royaume secret du Lierre » de Bernard Bertrand et Annie-Jeanne. Préface de Didier Willery. Collection le compagnon végétal. Editions de Terran. 11€ C’est le » tout sur le lierre » paru il y a quelques années. Indispensable.