Après la Dame de onze heures, la belle Marocaine

Rhodanthemum catananche , appelée « Marguerite du Maroc » outre-Manche . Une vivace pour les coins les plus secs et rocailleux du jardin. A ne surtout pas planter dans de la « bonne terre » . Ici il y a des fleurs pratiquement toute l’année. Parfois une ou deux seulement, et beaucoup plus en ce mois de mars 2021! J’aime cette harmonie avec le feuillage gris bleu assez typique de l’adaptation à l’altitude et à la sécheresse.

Au printemps…

On sait que les floraisons vont avoir lieu , mais les printemps se suivent et c’est toujours la même surprise, la même sensation de ne les avoir jamais vues. De les redécouvrir, et plus fort encore, de souvent remarquer des détails, des nuances, des petites choses jamais observées.

En commençant aujourd’hui par une fleur que la nature apporte dans le jardin sans y être invitée mais quelle joie de l’accueillir tant elle est fidèle et lumineuse voici l’Ornithogale, Ornithogalum umbellatum ou « Dame de onze heures ». En effet, elle s’ouvre en fin de matinée , dès que la lumière est assez vive et se referme dans l’après midi .

C’est une plante dont les bulbes sont vendus dans le commerce pour être plantés à l’automne, mais dans les jardins comme ici ou herbicides ou désherbages à l’aveugle sont devenus des pratiques oubliées, la Dame de onze heures peut très bien choisir de venir habiter chez vous, sans être très envahissante ! J’aime son blanc pur, éticelant comme la neige, le dessin précis et fin de ses 6 pétales.

En passant…

Toutes les saisons sont photogéniques, mais le printemps l’est plus particulièrement. Surtout pour qui aime la palette des verts , les fleurs, les formes et manifestations de la vie. Toutes les formes, visibles et invisibles. Laisser les feuilles mortes et les aiguilles sous les arbustes et les arbres est une garantie de maintien et de développement de la vie dans le sol , donc une garantie de santé pour l’arbre ou l’arbuste que vous aimez. Je répondrai avec plaisir aux questions que vous pourriez me poser sur ce sujet en particulier, et au sujet de la nature dans nos jardins en général, Il suffit de les noter en commentaires…

Toutes les photos sont de moi-même et sont prises dans le même jardin , si ce n’est pas le cas elles sont signées.

Vous vous étonnez parfois de découvrir un blog consacré au jardin qui accorde autant de place à des petites choses qui poussent toutes seules. Oui car un cadre raccord avec la nature environnante plus ou moins « sauvage » est essentiel pour favoriser la diversité végétale et animale. C’est cette diversité maximale qui me permet d’observer, d’année en année, la diminution puis la disparition de certains parasites ou maladies. Vous en entendez parler avec une expression aujourd’hui à la mode : biodiversité. Il y a quelques décennies, mes profs n’employaient pas ce mot là, mais ils m’ont enseigné son esprit et ses méthodes.

Tout ça pour vous dire qu’entre les fleurettes « sauvages » et les semis spontanés de toutes sortes d’arbres venus du voisinage ce jardin accueille aussi des plantes venues de pépinières et de la production horticole.

Comme les camélias, par exemple :

Après l’averse. Ou l’Exochorda dont je vous parlerai bientôt :

Les Muscaris entrent en scène

Depuis une dizaine de jours les muscaris (Muscari neglectum) lèvent leurs petites grappes de fleurs bleues dans la luxuriance végétale du gazon rendu à la vraie vie d’une prairie naturelle, par son âge, son usage, et l’absence de ces attentions que l’on porte habituellement à une moquette.

Différentes espèces de Muscari existent dans la nature et certaines ont permis  aux horticulteurs d'opérer des sélections et des hybridations que vous retrouvez sur les étals des foires aux plantes et des jardineries. Vous les remarquerez vite à leurs racèmes (les fleurs en grappe de raisin,au sommet) plus volumineux, et à leurs coloris plus clairs, dans des nuances de bleus parfois très réussies. Des cultivars blancs et d'autres plus fantaisistes existent...

Ce n’est pas le plus parfumé des muscaris mais il a une odeur subtile dans le registre fruité que certains nez trouvent assez agréable. Normal me direz-vous, muscari a la même origine que « musqué » et les espèces orientales de ce genre sont plus ororantes. Amusant, le nom de cette espèce « neglectum » signifie « négligé » dans le sens d’abandonné, d’oublié. Beaucoup de propriétaires du sol le considèrent comme une herbe mauvaise au pire et inintéressante au mieux, ce qui est regrettable pour une fleurette qui n’apparait qu’au premier printemps et rentre dormir dans le sol durant tout l’été et l’automne. C’est une plante modeste de notre environnement naturel, une bulbeuse qui vit sur ses petites réserves personnelles et dont on ne connait pas encore tous les secrets. Les jeunes enfants peuvent jouer avec, ce n’est pas du poison ! Les bulbes de l’espèce comosum sont même la matière première d’une spécialité du sud de l’Italie.

Un peu de pratique !

A l’heure où les bourgeons gonflent et se déploient il vaut mieux éviter de rabattre certaines branches dans l’hortensia s’il s’agit de l‘Hygrangea macrophylla – le plus couramment cultivé, avec de grosses inflorescences en forme de boules roses, bleues, blanches, vertes et de nombreuses nuances intermédiaires selon la nature du sol et la variété.

Les branches (longues cannes s’élevant au dessus du pied) coiffées d’un gros bourgeon doivent être respectées et gardées entières.

Ce bourgeon apical contient la promesse de fleurs initialisées depuis l’automne dernier !

Le supprimer reviendrait à vous priver de floraisons spectaculaires cette année…

Parfums, suite…

S’il est un parfum plus sensuel que le plus capiteux des parfums, n’est-ce pas celui que l’on respire au printemps à la tombée de la nuit ? La durée du jour et de l’ensoleillement augmente, le sol se réchauffe, la photosynthèse reprend de plus belle et l’air se charge de ce parfum d’une complexité organique pénétrante. Notre âme s’en trouve imprégnée, nous devenons LE PRINTEMPS lui même, il est en nous, nous le vivons !

Les amateurs de gazon parfaitement uniforme ne connaissent au mieux que l’odeur de foin coupé, délicieusement saisonnière, et encore …Ne faudrait-il pas se débarrasser tout de suite de l’herbe, et la laisser sécher. Très utile pour certains types de paillages.

Pour la plus grande partie de ce qui est rendu à la nature, pour ce qui est devenu une pelouse ou une prairie, je choisis de retarder la tonte jusqu’à la fin des floraisons, ou de ne plus couper l’herbe du tout et d’étudier ce qu’on appelait autrefois la « réinfestation « . Et avec elle un juste et salutaire retour de quelques insectes précieux. A la fois pour leur beauté et pour l’utilité de leur rôle dans l’équilibre de ce jardin.

Parfums de fin d’hiver…

Depuis quelques jours les guirlandes qui prolongent le pied nu et maigrelet de la clématite d’Armand sont en fleurs. Ici, elles s’ouvrent en grappes dans les bambous du voisin. Ces fleurs de dimensions modestes sont délicieusement parfumées..Cette liane est dédiée à un missionnaire (un peu) naturaliste (beaucoup) le Père Armand David qui fut l’un des plus grands explorateurs de la Chine au IXX ème siècle. On lui doit la découverte du Panda !

Clematis armandii, la clématite d’Armand. Ces fleurs font environ 4 à 5 cm de diamètre et sont plus ou moins parfumées selon les cultivars, les sélections horticoles.