Américaine, elle ne l’est plus – exclusivement – depuis longtemps. Elle fait partie de ces plantes arrivées en Europe au début du XVIIème siècle ( vers 1610 )avec beaucoup d’autres que vous connaissez bien. Comme le Robinier, que nous appelons plus souvent acacia, épineux, mais bénédiction parfumée de grappes de fleurs blanches au printemps…De ces plantes débarquées dans nos ports il y a 4 siècles les botanistes disent qu’elles se sont naturalisées. Elles ont trouvé dans nos sols, nos climats, des conditions favorables à leur installation définitive.
Oenothera biennis est magnifique (adjectif à la mode que je m’efforce de ne pas employer à propos de tout et de n’importe quoi) et elle m’étonnera, m’émerveillera, toujours. Comme on en voit dans la nature, dans les remblais, les lieux sablonneux, les alluvions, personne ou presque n’en veut dans son jardin. Et pourtant! Elle fait souvent plus d’1 m, 1m50, possède un beau feuillage bien vert, se contente de sols pauvres et secs, et fleurit sans discontinuer pendant plusieurs semaines.
Les fleurs, justement, d’un jaune soufre à jaune citron, sont grandes ( plus de 5cm) légèrement odorantes, et groupées. Etonnement : Ces fleurs s’ouvrent le soir, à la tombée de la nuit! C’est un spectacle fascinant. Elles s’ouvrent à vue d’oeil. A la fin de l’après midi, traversez un terrain où pousse l’onagre, les plantes ne montrent que les fleurs de la veille, fanées. La nuit tombée, retraversez cet espace. Le spectacle est saisissant. Les fleurs paraissent luminescentes! Les corolles en disques pâles sont ouvertes comme de grands yeux dans la pénombre. Le parfum subtil flotte dans l’air.
Vous avez des enfants avec vous ? Montrez leur comment, en joignant les paumes de leurs 2 mains de façon à enfermer dans l’obscurité le long bouton pointu d’une fleur ( attention, sans la cueillir), l’ouverture de la corolle se produit en quelques instants au creux de leurs mains, surprise assurée! Parfois avec une petite frayeur rapidement suivie d’une grande joie et de l’envie de recommencer l’expérience. Il suffit de quelques secondes pour que les pétales soudain déployés viennent chatouiller les petites paumes !
Ces fleurs s’ouvrent avec la nuit et sont pollinisées par des insectes nocturnes. Le lendemain, elles restent épanouies jusqu’à la mi-journée. L’après-midi, bien sûr, en attendant la floraison du soir, elles ont un piètre aspect. La reine de la nuit parait bien fripée. Mais l’onagre réserve bien d’autres surprises de taille…
A suivre !