Association de plantes qui s’aiment…

Elles s'aiment et s'entraident!

Elles s’aiment et s’entraident!

Sans prétendre  servir ici la science phytosociologique, tous les possesseurs de jardins peuvent remarquer que certaines plantes vivent bien ensemble, même très proches, alors que d’autres se fuient.
Ici le très dynamique, exhubérant, rosier de Chine (Rosa chinensis mutabilis) abrite et favorise l’anémone du japon qu’il n’étouffe pas! Dans les jardins, de telles associations ne semblent pas intéresser grand monde alors qu’elles sont à la clef d’une bonne santé de nos végétaux, par et pour la biodiversité. Un domaine où tout reste à étudier de près…

Encore une grande joie d'automne!

Encore une grande joie d’automne!

Beauté parfumée : l’Amaryllis belladonna.

Toujours une vive surprise! Au bout de l’été, les premières pluies qui marquent la fin de la canicule réveillent cette splendeur odorante. Les Amaryllis « vrais », à ne pas confondre avec les « amaryllis » dont les bulbes préparés sont vendus à la fin de l’année, et qui sont, pour les botanistes, des Hippeastrums. Amaryllis bel. 2015 003

L’Amaryllis ne se trompe pas de saison. C’est une plante originaire de l’autre hémisphère, d’Afrique du Sud, où le bulbe reste discrètement vivant sous terre, au repos pendant l’hiver , comme les crocus chez nous. Ici, les Amaryllis se reposent durant l’été.

Durant la dernière semaine d’août ou la première semaine de septembre, si la pluie a été suffisante, les hampes sortent de terre alors qu’il n’y a pas encore de feuilles. Ces hampes sont impressionnantes, sombres, reptiliennes, la tête contenant les boutons peut faire penser à celle d’un cobra. La pousse est stupéfiante de rapidité, comme l’ouverture de ces pavillons roses plus ou moins vifs. Et le parfum étonnant se sent à plusieurs mètres ( lorsque la température et l’humidité atmosphérique le favorisent. Sinon approchez votre nez de cette trompette!) C’est une composition sophistiquée de vernis, de fruits, de bonbons modernes…  Amaryllis bel. 2015 006
Lorsque les fleurs seront fanées coupez les hampes à la base, 2 ou 3 cm au dessus du sol. Les feuilles se développeront et « réalimenteront » le bulbe.Au fil du temps, il fera des petits, la touffe s’élargira, le nombre de fleurs augmentera.
Plantez ces bulbes tôt à l’automne (après la floraison et avant le développement du feuillage), ne vous étonnez pas de voir disparaitre les feuilles vers la fin du printemps. N’oubliez pas où vous les avez plantés (çà m’est arrivé !) Le sol doit être bien drainé, c’est essentiel. Ainsi, et à la condition de les protéger d’une épaisse couche de feuilles mortes, de pailles etc, vous pourrez les cultiver jusque dans les zones où le froid peut atteindre -12 à -15° pendant quelques jours… Ailleurs, dans les départements méditerranéens ou en façade océanique, soyez tranquilles!

Oublier la peur par le savoir….L’exemple du Xylocope.

Ni bourdon, ni frelon. Une abeille solitaire.

Ni bourdon, ni frelon. Une abeille solitaire.

Durant les chaudes journées du bel été que nous venons de vivre, j’ai eu l’occasion – à plusieurs reprises – de remercier mes parents disparus (il y a 30 ans cette année) pour l’éducation qu’ils m’ont donnée. A part la politesse élémentaire, ils n’ont eu de cesse que d’éveiller et nourrir ma curiosité. Et la première des attitudes pour ne pas fermer prématurément toute curiosité d’un enfant vis à vis de la nature serait de ne pas lui faire peur. Que n’entend-t-on pas ! « Attention! ne touche pas! » et autre « Tu vas te faire piquer! » « C’est du poison! » Toutes les angoisses des parents les mieux intentionnés sèment d’abord les graines d’un désintérêt patent pour les sciences de la nature (très malmenées dans l’enseignement aujourd’hui alors que les débouchés existent, en demande croissante) et ensuite, au pire, créent des phobiques malheureux. Phobie des araignées, des guêpes, des scorpions, des serpents, etc.
Au lieu de me faire peur en me promettant affreuses douleurs, et soins tout aussi douloureux « à l’hôpital! » ils me montraient la bestiole, me donnaient son nom et parfois les détails de sa vie s’ils en connaissaient. Dans certains cas ils me disaient oui, tu peux la toucher, mais elle n’aime pas. Tu crois vraiment qu’elle aime ? Tu verras, si tu peux la saisir elle cherchera à s’échapper…Ce dont je ne privais pas, rapidement déçu bien sûr par le manque de coopération de la sauterelle, du scarabée , ou de ces mouches très utiles qui ressemblent beaucoup (trop) à des guêpes, les syrphes.
D’autres fois, ils me disaient: « non, là, attention, cette bestiole pourrait te faire du mal si tu la déranges, si tu lui fais peur, si tu la contraries, si tu l’empêches de faire ce qu’elle veut »
Mes parents m’ont ainsi appris la liberté en respectant l’abeille charpentière – ce n’est qu’un exemple – ce Xylocope noir au reflets bleus, très impressionnant. C’est une abeille solitaire bonasse, goinfre de nectar (jusqu’à en tomber d’ivresse!) et dénuée de toute agressivité. Même si, dit-on, elle pourrait piquer de son très petit dard. Il m’est arrivé de la voir manipuler par des naturalistes, sans qu’elle  proteste. Je ne suis pas sûr qu’elle adore çà!

Respect. Le Xylocope ou abeille charpentière a son rôle à jouer !

Elle visite les fleurs pour se nourrir de leur nectar , pour en prélever aussi  (ainsi que du pollen) à l’intention de sa progéniture. Dans le bois dégradé, pourri, ou dans les tiges creuses de votre hôtel à insectes, elle crée des loges. Elle pond un oeuf par loge, elle dépose une petite réserve de nectar et de pollen pour sa larve à naître, et referme cette petite chambre de sa  maternité personnelle. Pour en ouvrir une autre, y pondre un autre oeuf, etc…

Le « Jumbo » des hyménoptères d’Europe effraie (trop) souvent mais ne mérite jamais le tir d’insecticide ou l’assomoir idiot de la tapette en plastique à un euro. Nous sommes encore à des années lumières de comprendre l’infinie complexité de la  nature, notre nature humaine également, et nous détruisons des organismes vivants  que nous ne connaissons pas. Simplement par un réflexe impérieux de dominant , mais sans autre nécessité que celle de conjurer sa peur, et en (bien) pensant mettre ses enfants à l’abri d’un danger. Ce que nous pouvons faire autrement, vous l’aurez compris…

 Xylocope ou abeille charpentière...pacifique et utile

Un lien à recommander. Son propriétaire, André Lequet  est l’auteur d’un remarquable travail sur cette belle abeille solitaire : http://www.insectes-net.fr

Chaud et sec ? Voilà ce qu’il aime !

Le Pavot de Californie ou « Pavot en arbres », Romneya coulteri adore.

Il y a 3 ans, je l’ai planté à 2 m d’un Phlomis, dans un trou rempli de …cailloux. Des gros comme des citrons , des petits comme des pois. Sans précaution particulière. J’ai ajouté une poignée de terre mélangée à un peu de compost et un arrosoir d’eau.
A l’automne, la plante est sévèrement rabattue, et paillée de feuilles mortes. Pavot de Californie 06 14

Au printemps, elle repousse à des hauteurs supérieures à celles de l’année précédente. 1m70 en ce début juillet 2015, après une éblouissante et généreuse floraison d’une vingtaine de pavots de soie blanche, brillante, froissée. Beauté subtilement odorante, coeur d’or, dans un feuillage découpé, vert glauque.

Il fait chaud et sec, pourtant le Romneya n’est pas arrosé régulièrement. Peut-être 5 l d’eau chaque dizaine ou quinzaine de jours ? C’est tout. Il a tout de ses ancêtres du sud californien, des durs à cuire qui ne font pas de cinéma…

Originaire des pentes rocailleuses, subdésertiques, au sud de Los Angeles, le Romneya pourrait servir d’exemple pour une leçon d’adaptation, d’écologie, et de jardinage!  Romneya coulterii

Sécheresse ? Canicule? Nous en rions !

De nombreuses familles de plantes originaires de climats arides sont naturellement résistantes à la sécheresse.

De nombreuses familles de plantes originaires de climats arides sont naturellement résistantes à la sécheresse.

…parce que nous nous sommes adaptés à l’évolution des climats! Les cellules de nos tiges sont devenues plus larges, nos tiges ont pris des formes aplaties ou arrondies, elles se sont couvertes de cuticules (des « peaux » ) qui correspondent à des films protecteurs contre la transpiration, et nos feuilles se sont transformées en épines. Une épine n’a pas de stomates (ce sont les pores de notre peau) donc il s’agit d’une feuille qui n’évapore pas d’eau! Que d’économies …..

Au programme de la semaine prochaine : une vague de chaleur élevée va beaucoup exiger de la végétation. Aussi bien dans la nature que dans nos jardins. Ce blog ne dissocie jamais nature et jardin, et ce sera l’occasion de montrer qu’il arrive un moment où l’arrosage n’arrange plus rien. Et aggrave, même, la situation physiologique des plantes. Nous en tirerons des observations utiles ( j’espère!) pour l’avenir…

Rosiers, rosée, arroser,

Rush b rosée

et vilaines petites maladies. Comme celle des taches noires (Marssonina rosae)

Certains rosiers vivent avec, et bien que moins beaux par moment, ne semblent pas en souffrir au point d’en diminuer la vitalité la saison suivante. Il est recommandé de ne jamais mouiller le feuillage. Tout comme moi vous avez dû remarquer que la rosée (ou que les petites pluies de printemps par ailleurs si bénéfiques) savent très bien mouiller vos rosiers. D’autres variétés sont résistantes et ne présentent jamais les symptômes de l’attaque de ce champignon. La sélection des variétés résistantes est l’une des voies d’avenir. L’emploi de spécialités « contre les maladies » ou l’emploi de fongicides n’apporte pas de solution durable. Même le cuivre (bouillie bordelaise ou autres formes) doit être maintenant utilisé avec précaution. Par exemple en couvrant le sol d’une bâche ou de carton pendant l’application et quelques heures après.. Ce métal s’accumule dans les sols où il entraine des phénomènes de blocage et d’inhibition des échanges, en particulier celui pour lesquels les champignons sont indispensables. Voilà pourquoi vous lisez ici et là que l’apport de mycorhizes devient nécessaire. Nous avons détruits, avec nos « produits contre les maladies », ces éléments vivants associés aux systèmes racinaires, il faut maintenant en acheter! Il y a de quoi être atterré, non?

Maladie taches noires1

Connaitre ses amis…

Le Syrphe bâton

Le Syrphe bâton

Ce n’est pas une guêpe! C’est une mouche. Et elle ne pique pas.

Pour la protéger d’éventuels prédateurs, la nature l’a habillée de jaune et noir, un contraste toujours dissuasif. D’ailleurs la preuve : çà marche avec nombre d’entre nous! C’est pourquoi il convient de réserver le meilleur accueil aux Syrphes dans nos jardins. Et pour celà – celui-ci -nous le montre, il faut semer et/ou planter des fleurs à coeur jaune, des composées comme des marguerites, des apiacées comme le fenouil, la carotte sauvage…
Les syrphes ne sont pas des hyménoptères mais des diptères, des mouches. La famille est très grande, environ 5000 espèces sont dénombrées sur la planète, et le point commun des adultes est de se nourrir du nectar des fleurs. Non seulement ils miment les abeilles et les bourdons, mais ils transportent aussi un peu de pollen de fleur en fleur. Ce n’est pas leur vocation principale, mais ils contribuent ainsi à la pollinisation. Ce sont de beaux insectes qui savent pratiquer le vol stationnaire, mais aux yeux des amis des jardins leurs larves représentent un tout autre intérêt. Comment çà? Des asticots?

Oui des asticots très intéressants, que personne ne remarque car ils ne sont actifs que la nuit.

Les femelles pondent des milliers d’oeufs près des colonies de pucerons. De ces oeufs sortent des asticots affamés qui se précipitent directement sur le garde-manger.

marguerit+syrphe

Syrphe adulte. Mouche pas comme toutes les autres.

 

 » Leur voracité est phénoménale. Agitant leur tête de droite et de gauche à la recherche d’une proie , ils éventrent tous les pucerons rencontrés dans leurs déplacements »
Vincent Albouy, in « Un jardin pour les insectes » chez Delachaux et Niestlé. 2013

Je vous le disais : il n’y a pas que les coccinelles dans la vie du jardin….

Qui fait quoi ?

Feuilles découpées par Megachile et Otiorhynque

A gauche, le feuillage de la pivoine montre des morsures d’Otiorhynche. A droite la découpe est signée Megachile.
Spectaculaire et même étonnant dans les deux cas, merci on ne s’affole pas ! Il n’y a pas de quoi.

Les Otiorhynches adultes « broutent » la marge des feuilles. Ces coléoptères également désignés sous le nom de « charançons » se nourrissent la nuit, alors que leurs larves vivent dans le sol où elles peuvent faire quelques dégâts au potager. Sur les feuilles des troènes, des lilas, ainsi que d’autres arbustes ou comme ici des pivoines, ce n’est pas joli mais sans gravité pour leur avenir. Au potager, ne cultivez pas de légumes-racines trop près des arbustes cités ci-dessus, surtout si vous remarquez ces petits coups irréguliers de mandibules au bord des feuilles. En cas d’attaque importante, une solution biologique existe. Nous en reparlerons si vous le souhaitez.

A droite, ce beau découpage large, net, plus régulier est dû à une abeille. Hyménoptère solitaire à la différence de nos abeilles domestiques qui vivent en société dans les ruches (ou encore dans la nature !) les Megachiles – très utiles pour la pollinisation – prélèvent des morceaux de feuilles comme des coupons de moquette ! Elles s’en servent de tissus
d’ameublement pour habiller leurs maternités, du sol au plafond, situées dans des cavités de bois mort. La cellule maternelle est tapissée (d’où leur surnom d’abeilles tapissières) de coupons de feuilles et de pétales de fleurs collés avec de la résine, la maman dépose une réserve de pollen et de nectar à l’attention de la larve à naître, pour cela elle pond un seul œuf, et referme l’entrée avec de la feuille mâchée et de la résine.
Il faut impérativement respecter ces abeilles solitaires si discrètes, si méconnues ! Les feuilles de vos rosiers sont moins esthétiques ? Il ne faut pas en faire le reproche aux Mégachiles, victimes des pesticides, et de notre peur à la fois du bois mort, et des hyménoptères… Je n’ai jamais vu un rosier malade ou disparaitre par la faute de cette abeille solitaire.

Toujours trop bien faire

Une auditrice s’étonne : cette année ses jonquilles n’ont fait que des feuilles et quelques boutons déformés qui n’ont pas évolué.

Narcissus jonquillaNarcissus jonquilla

Phénomène relativement fréquent à mettre sur le compte des trop bonnes intentions de notre auditrice déçue. Elle a pensé bien faire en arrosant fidèlement sa plantation de Narcissus jonquilla avec un engrais. Qui a favorisé le développement du feuillage au détriment de la floraison.
Les bulbes, comme tous les organes de réserves, contiennent TOUT CE QU’iL FAUT pour conduire le développement jusqu’à la floraison. Au terme de l’évolution, la nature fait en sorte que les bulbes puissent passer une longue mauvaise saison à l’abri, invisibles, en terre. Si vous souhaitez les garder dans le sol après la floraison pour en profiter un an plus tard, vous devez impérativement ne jamais couper le feuillage, et pourquoi pas, les arroser avec un peu d’engrais liquide ORGANIQUE (d’origine naturelle) riche en acide phosphorique et en potasse. Une poignée de sang séché + corne torréfiée convient également très bien. Le soleil et les ondées feront le reste. Lorsque le feuillage fanera ils sera temps de le couper. Le bulbe entrera en repos, il dormira jusqu’à la fin de l’hiver 2016…