L’heure des Pivoines….

Pivoine 05 2015

Paeonia lactiflora « bowl of beauty »

Plus une touffe de pivoine est ancienne, plus elle est rassurante et belle. Un lecteur s’est abstenu de faire ce que trop de nouveaux acquéreurs de maisons anciennes avec jardins font au moment de prendre possession : décréter qu’il convient de tout refaire dans le jardin. Tout arracher. Le triste « je refais tout à mon idée ! » Toutes les idées ne sont pas mauvaises, hélas elles ne visent que rarement à intégrer les vieux meubles dans un cadre plus neuf, plus jeune.
Aujourd’hui, ce lecteur est fier de posséder une pivoine qui forme un massif de plus de 2 m2. Il ne l’a pas plantée, il en a hérité avec la maison de village.
Une touffe de pivoine de plus de 30 ou 40 ans est un bien inestimable. Il faut savoir que les hybrides en vente aujourd’hui, même par les plus sérieuses maisons, ne devraient pas atteindre ces âges là, âge de plénitude, de développement régulier, fidèle, spectaculaire. C’est vrai pour les pivoines, c’est vrai – également- pour nombre d’espèces végétales….
Pivoines ? L’occasion de rappeler qu’il faut aussi planter son nez dans les fleurs. Beaucoup sentent bon, et même très bon.
Que ce ne sont pas des plantes de terre de bruyère, bien au contraire, elles apprécient la vie dans les sols argilo-calcaires, un peu humifères quand même,Pivoines 05 2015
Et que leur ancêtre sauvage, encore présente dans la nature ici et là (où çà? ne comptez pas sur moi pour vous le dire!) NE DOIT JAMAIS ËTRE CUEILLIE NI ARRACHEE en vue de transplantation au jardin….

Vivant, si possible !

La coccinelleLa coccinelle bénéficie d’un taux record de popularité. Elle ajoute une attendrissante sympathie à une attention plus… intéressée. A la fois « porte-bonheur » ou devineresse dans les traditions populaires, et amie utile au jardin par sa consommation de pucerons. L’étonnante petite bestiole fait tellement l’unanimité qu’elle cache les milliers d’autres espèces d’insectes dont le rôle est important, et que nous ne pouvons – ou ne voulons hélas – plus voir. Parce qu’ils ressemblent parfois un peu à d’autres insectes dont on se méfie, guêpes et mouches en tout genre, et le plus souvent parce qu’on les ignore, que nous ne nous posons aucune question à leur sujet.
Quel dommage, quel gâchis ! Il en va de même avec l’abeille domestique, plutôt bien défendue par les apiculteurs, mais qui ne doit pas faire oublier tous les autres hyménoptères, abeilles solitaires et bourdons, responsables sacrifiés alors que ce sont également des pollinisateurs et pour d’autres des prédateurs ou des parasitoïdes. Et que dire aussi de nos araignées, de nos reptiles, des oiseaux privés de vieux arbres, d’arbustes caduques touffus ou, comme les hirondelles, chassées des génoises au prétexte qu’elles salissent les façades !…

Nos jardins n’ont pas vocation à être propres comme des salles à manger ou des salles de bains. Est-il de dimensions très modestes ? Vous avez quand même l’immense chance de disposer d’un petit morceau de notre planète. Ou protéger la nature en l’aidant à se réinstaller, en bannissant par exemple l’emploi de tout pesticide. En 40 années d’écoute et de conseil il m’a beaucoup plus souvent été demandé « Que faire contre… » que « Que faire pour ? » En revenant à notre coccinelle, n’est-il pas paradoxal qu’il nous soit proposé d’en acheter alors qu’il suffirait de rendre nos jardins simplement accueillants pour elle, pour tous nos fidèles auxiliaires, et pour tous les organismes qui étonnent, qui ravissent, qui émerveillent ?

Vous voici sur un blog des jardins vivants, ouverts sur – et – à la nature. Soyez les bienvenus !

Joël Avril en studioJoël Avril